Chute d’un drone lors d’un festival : première enquête du BEA concernant un aéronef télépiloté

Le bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) a ouvert sa première enquête concernant un accident de drone léger. Le 14 juillet 2019, à l’occasion d’un festival de musique se tenant sur la commune Le Barcarès, non loin de Perpignan, un drone de type DJI-Global Inspire 2 a chuté dans la foule.

Cet aéronef était utilisé pour effectuer une prise de vue du public durant l’évènement. Suite à un message de panne émis par le drone, son télépilote a tenté d’interrompre le vol. Cependant, durant la phase de retour, le télépilote du drone a perdu le contrôle du drone, qui a percuté la structure de la scène, avant de chuter dans le public et de blesser deux festivaliers, lesquels n’ont été que légèrement blessés.

Le développement de l’activité des drones en France, s’accompagne d’un intérêt croissant du BEA, qui, soucieux de favoriser cette croissance souhaite l’intégrer dans une culture de la sécurité. Cet événement classé comme « incident grave » par le BEA constitue la première enquête portant sur un incident de drone diligentée par une autorité d’enquête de l’aviation civile en Europe.

En vertu du chapitre 1 de l’annexe 13 à la Convention de Chicago, les incidents graves correspondent à ceux :

« dont les circonstances indiquent qu’il y a eu une forte probabilité d’accident, qui est lié à l’utilisation d’un aéronef [et] qui, dans le cas d’un aéronef sans pilote, se produit entre le moment où l’aéronef est prêt à manœuvrer en vue du vol et le moment où il s’immobilise à la fin du vol et où le système de propulsion principal est arrêté ».

Pour rappel, les enquêtes diligentées par cette autorité ne visent nullement la détermination des responsabilités. Son objectif est d’améliorer la sécurité aérienne en trouvant des remèdes aux défaillances humaines et/ou techniques à l’origine d’incidents. Ainsi, le travail du BEA sera bénéfique pour la filière des drones civils, laquelle, souhaitant s’insérer dans notre quotidien, doit pour autant se conformer aux exigences d’une culture de sécurité adéquate. C’est en réduisant au maximum les risques d’incidents aériens, que nous pourrons permettre aux aéronefs télépilotés de se développer dans notre quotidien.

Les constructeurs de drones devront prendre en compte la sécurité de ces engins au moment même de leur conception, à travers le concept de security by design. Aussi, faudra-t-il favoriser les systèmes d’urgence, lesquels permettent un retour du drone à son point de départ en cas de défaillance technique via la fonction « Return to home ».

L’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) mène avec l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports) et la DGAC (direction générale de l’aviation civile) une étude sur l’impact d’un drone en cas de chute sur une personne. Tous les résultats n’ont pas encore été publiés, cependant il peut déjà être mis en avant que l’aspect létal d’un drone pouvait dépendre de son design. Les constructeurs n’ont pas vraiment anticipé, pour le moment, cet impact du design sur la dangerosité d’un drone en cas de chute, cependant certains aéronefs sans pilote sont construits en matériaux « mous » ou prévoient déjà des « airbags ».

Nous ne pouvons que nous réjouir de l’insertion des drones dans des activités du quotidien. Mais, la croissance ne se réalisera que par l’avènement de son acceptabilité sociale, laquelle est subordonnée au développement de la sécurité.