Immatriculation des drones aux USA, la fin d’une ère ?

Le 19 mai 2017, la cour d’appel du district de Columbia (USA) a rendu une décision bouleversant la législation portant sur l’immatriculation des drones dans l’espace aérien de Washington D.C.. Tout aéronef d’usage récréatif pesant entre 25 grammes et 25 kilogrammes doit être enregistré et immatriculé auprès de la FAA (Federal Aviation Administration, l‘équivalent américain de la Direction Générale de l’Aviation Civile française). Sont ainsi requis des particuliers, souhaitant utiliser leurs drones, certaines informations telles que leur nom, adresse physique et électronique et « toutes autres informations que la FAA choisirai de demander ».

Dans cette affaire, le débat ne s’est pas porté sur la protection des données personnelles comme on pourrait l’imaginer, mais sur la compétence juridique de la FAA pour légiférer en la matière.

Pour déterminer si l’autorité américaine de l’aviation civil dispose ou non de cette compétence, les magistrats ont procédé par approche téléologique, c’est-à-dire qu’ils ont recherché l’origine de l’attribution des fonctions de la FAA. Compte tenu de la popularité croissante des drones, le Congrès des Etats-Unis a chargé la FAA d’établir un cadre juridique garantissant la sécurité du trafic aérien. En 2015, la FAA a pu promulguer la « Registration Rule » (littéralement « la règle d’enregistrement », ou encore une circulaire1 imposant des restrictions de vol dans l’espace aérien de Washington D.C..

Cependant, en 2012 a été voté par le Congrès et signé par le Président des Etats-Unis, Barak Obama, une loi réformant et modernisant la FAA impliquant  une interdiction formelle pour celle-ci d’adopter des règles en matière de drones.

Cela a conduit à une situation contradictoire par laquelle le Congrès a demandé à la FAA de promouvoir la sécurité des vols pour les avions civils tout en lui interdisant d’adopter des règles en matière de drones.

Cette situation d’instabilité juridique a permis au requérant de remettre en cause auprès du tribunal l’obligation d’immatriculation instaurée par la FAA. En effet, comme près de 820 000 personnes, il lui a été demandé ses informations personnelles ainsi que l’acquittement de la somme de 5$, ce qu’il a refusé de faire arguant l’incompétence juridique de la FAA issue de la loi de modernisation et de réformation de 2012.

Les juges lui ont alors donné raison et ont affirmé que même si l’immatriculation est positive pour la sécurité aérienne, la FAA n’avait pas à légiférer sur cette question. Les magistrats semblent tout de même inviter -timidement- le Congrès à abroger ou amender cette prohibition. C’est comme cela que la liberté de milliers de télé-pilotes a été étendue, au détriment de la sécurité de millions de passagers aériens et individus au sol.

Aujourd’hui la FAA a pris conscience de la décision du tribunal de Washington D.C. puisqu’elle réfléchit déjà à une législation conciliant sécurité et vie privée. Elle espère cependant pouvoir conserver le système d’immatriculation. C’est donc une affaire moderne aux enjeux juridiques conséquents qu’il faudra suivre.

 

Advisory Circular 91-75A

 

Taxiage électrique : une nouvelle association pour Airbus et Safran

Afin d’offrir des appareils toujours plus performants et économiques, les constructeurs industriels ont développé des moteurs électriques situés dans le train d’atterrissage principal des avions qui pourront désormais réaliser leur phase de taxiage (déplacement de l’avion au sol), non plus sur la base de leurs réacteurs mais de manière totalement autonome en réduisant leur consommation de carburant.

De même, cette solution garantit une réduction des nuisances sonores et des émissions de CO2. Désormais, les Airbus A320 seront ainsi dotés d’un système éco-responsable et ultra sécurisé qui permettra aux compagnies aériennes de réaliser des économies de plusieurs centaines de milliers de dollars par avion et par an.

L’alliance des constructeurs français annonce ainsi une concurrence rude pour leurs homologues américains et chinois sur le marché de l’aéronautique.

Un pas de géant pour le coavionnage : le Conseil d’Etat met fin aux restrictions

Depuis quelques années, des particuliers proposent des services de transport ponctuels d’avions par le biais de sites internet dédiés. Cette pratique appelée le coavionnage a été démocratisée par les plateformes Wingly et Coavmi, qui font office de références dans ce domaine.

Le coavionnage est l’ensemble des vols à frais partagés, effectués par des particuliers dans la limite de six passagers par trajet. En août 2016, la Direction Générale de l’Aviation Civile avait encadré cette activité de manière stricte.

L’autorité française en matière d’aviation avait ainsi limité le coavionnage au simple vol circulaire ou à une navigation réduite à des trajets précis, ce qui ne convenait pas aux usagers. Ceux-ci voyaient cette restriction comme une véritable atteinte, tandis que la DGAC considérait que le développement de ce type d’activités entre particuliers constituait un risque accru pour la sécurité et que celle-ci devait donc faire l’objet d’un encadrement strict.

Par un arrêt du 22 juin 2017, le Conseil d’Etat annule une décision restrictive du Directeur de la DGAC et ouvre la porte à une mise en relation beaucoup plus libre des passagers et des pilotes venus de tous les horizons en estimant que le coavionnage n’entrainait pas un risque accru pour la sécurité et que cette activité organisée depuis un site internet n’engendrait pas nécessairement d’accidents spécifiques.

A contre-courant des préconisations de la DGAC, cette décision reconnaît ainsi la naissance d’un mode de transport nouveau et innovant et ainsi encouragé l’émergence d’un marché à très fort potentiel.

Airbus invente les boîtes noires nouvelles génération

Après les catastrophes aéronautiques survenues ces dernières années (disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines ou crash du Rio-Paris), Airbus a décidé de devancer la réglementation européenne à venir et de protéger au maximum ses boîtes noires en introduisant un système éjectable.

Avec cette invention, le constructeur français tire des leçons du passé et privilégie ainsi une conservation optimale des données contenues dans les boîtes noires. En cas d’urgence, l’enregistreur s’éjectera automatiquement, soit du fait de la déformation de la structure de l’avion lors d’un crash, soit, en cas d’immersion, avec la pression de l’eau.

Résistantes aux températures extrêmes et construites dans des matières flottantes, ces boîtes noires sont conçues pour supporter tous types de situation mais également pour émettre un signal jusqu’à 30 jours après l’accident.

Ce nouveau dispositif permettra de localiser les boîtes noires plus facilement et de découvrir les circonstances des accidents d’avions.

La 52ème édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE) de Paris Le Bourget 2017

Le SIAE, filiale du Groupement des Industries françaises Aéronautiques et spatiales (GIFAS), s’est tenu du 19 au 25 Juin 2017, au Parc des Expositions du Bourget.

Etant passionné d’aéronautique et pilote VFR/IFR, Laurent Archambault était présent pour l’occasion avec son équipe du cabinet SELENE Avocats, le vendredi 23 juin 2017.

Depuis sa création en 1909, le SIAE est devenu le plus grand évènement mondial, médiatisé et consacré à l’industrie aéronautique et spatiale. Il constitue un évènement stratégique de rencontres à l’échelle mondiale entre l’Etat français, les acteurs, les fabricants et les utilisateurs.

Les exposants du salon présentaient les innovations technologiques en vogue concernant toute la filière industrielle. Par ailleurs, le salon a été l’occasion de faire une belle et réelle immersion sur le terrain au regard des aspects sur lesquels SELENE Avocats a eu l’occasion d’être sensibilisé, notamment par la participation aux conférences nationales et internationales ou à la publication d’articles dans ce domaine d’activité. A l’instar de l’exposition au salon du projet baptisé Ampère par l’Onera (Centre français de recherche aérospatiale) visant à développer l’avion du futur en utilisant la propulsion distribuée.

Enfin, l’équipe a assisté aux moments forts du salon, à savoir les présentations en vol du Falcon 8X et du Rafale de Dassault, de l’A380 d’Airbus et de la Patrouille de France.

 

 

 

L’avion du futur se conçoit aujourd’hui

Pour développer l’avion du futur, l’Onera (centre français de recherche aérospatial) s’intéresse à des systèmes de propulsion électrique intégrés dans les avions légers et les avions régionaux.

Parallèlement à ses travaux sur un « concept plane » à propulsion distribuée, baptisé Ampère, le centre de recherche s’appuie sur des technologies de rupture sophistiquées qui aspirent à un principe nouveau : celui de « voler autrement ».

Mais sur le marché de l’aviation électrique, les équipementiers ont également leur mot à dire : en Europe, Safran et Liebher élaborent des systèmes entièrement électriques et outre Atlantique, la NASA travaille également sur des avions similaires.

Toutefois, les ingénieurs travaillent actuellement sur un problème de taille : les systèmes électriques sont lourds, avec tout ce que cela implique en matière de puissance et d’autonomie. A terme, ces projets sont l’occasion de construire des avions fiables et économiques.

Avec Ampère, les chercheurs de l’Onera souhaitent utiliser la propulsion distribuée pour utiliser les capacités de portance à basse vitesse et d’hypersustentation des systèmes de soufflage de voilures, mais également obtenir une propulsion efficace. Ce projet s’inscrit parmi cinq autres grandes avancées actuellement proposées au Salon du Bourget au stand institutionnel de l’Onera.

Il est fort à parier que la France devienne le pionnier en matière d’avions électriques et qu’à l’avenir, elle ouvre la voie à ce que seront les transports du futur.

SELENE Avocats présent à la conférence RPAS (drones civils professionnels) de Bruxelles

La 19ème édition de la conférence RPAS (« Remotely Piloted Aircraft Systems ») s’est tenue les 13 et 14 juin 2017 à l’Académie Militaire Royale de Bruxelles. Le cabinet SELENE Avocats y était représenté par Laurent Archambault (associé) et Jérémie Battino (collaborateur).

De nombreux intervenants ont présenté les dernières avancées techniques, juridiques et commerciales en matière de drones et discuté des perspectives du secteur. Cette édition a réuni plus de 30 intervenants parmi lesquels des spécialistes de l’aéronautique, des enseignants, des avocats, des entrepreneurs, des représentants des Autorités nationales (DGAC française) et européennes (AESA, Eurocontrol), associations (Fédération Professionnelle des Drones Civils, JUIDA japonaise, ENAV italienne) ainsi que de la Commission Européenne.

Cela a été l’occasion de revenir sur les applications des drones civils d’aujourd’hui et de demain ainsi que sur leur encadrement juridique actuel et les évolutions attendues.

D’un point de vue technique, des applications novatrices ont été présentées en matière de cartographie, d’agriculture et de sécurité notamment.

Le volet juridique a été largement débattu par les participants, tant l’impatience des acteurs du secteur est grande de disposer de législations nationales claires, et de règles communes cohérentes à l’échelle européenne pour développer leurs activités.

Ces discussions ont porté sur :

  • Une étude comparée des législations et des initiatives nationales. L’étude des différents scenarii de vols retenus au niveau local a occupé une partie importante des présentations. L’accent a également été mis sur l’importance pour chaque Etat de disposer de Conseils nationaux à l’image du Conseil pour les Drones Civils français (dont SELENE Avocat est membre).
  • Une nécessaire harmonisation au niveau européen et en particulier sur la consultation lancée par L’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne pour organiser un « ciel européen » et l’encadrement des drones légers. Pour rappel, l’AESA a publié un projet d’amendement (Notice of Proposed Amendment 2017-05) qui a vocation à être transmis à la Commission Européenne au dernier trimestre 2017.

 

La COMAC : un défi de taille pour Airbus et Boeing !

Si à l’heure actuelle, les européens et américains Airbus et Boeing demeurent les leaders du marché aéronautique, leur place est de plus en plus menacée en raison de l’apparition d’un nouvel acteur.

Avec l’apparition de l’entreprise chinoise Comac (Commercial Aircraft Corporation of China), les fabricants d’avions ont tout intérêt à remplir le plus vite possible leurs carnets de commandes pour ne pas être dépassés par la concurrence.

 

Le 28 juin 2016, Comac réalisait le premier vol commercial entre Shanghai et Chengdu et depuis, semble se développer à la vitesse de la lumière ! Et pour cause, le fabricant chinois présente deux avantages non négligeables : ses tarifs d’une part et la réduction de ses besoins en énergie d’autre part. De quoi attirer de nombreuses compagnies aériennes.

 

Actuellement cantonné aux vols internes avec des courts et moyen-courriers, Comac construit également un long-courrier qui relierait la Russie et la Chine à l’horizon 2025 tout en offrant plus d’espace à ses clients aisés. Ce projet qui date déjà d’août 2016 a été initié par l’achat à l’Ukraine des plans du plus grand avion du monde : le célèbre Antonov AN-225.

Par la suite, Comac prévoit une alliance avec la Russie et le Canada pour s’imposer progressivement sur le marché face aux grands leaders. Son avion de ligne long-courrier, le C919 a effectué le 5 mai 2017 son premier vol en provenance de l’aéroport de Pudong (Shanghai).

 

En dépit de la menace causée à Airbus et Boeing, cette évolution semble faire le bonheur des fabricants spécialisés en haute technologie spécialisée. Parmi eux, on trouve l’entreprise française Snecma, filiale de Safran, qui a déjà prévu de toucher 30% de la commercialisation des avions long-courriers. Avec l’américain General Electrics, le français Safran est dans une position commerciale idéale puisque les deux entreprises sont les principaux fournisseurs des avions chinois. Une opportunité en or sachant que Comac prévoit de construire près de 2000 appareils, mais une offre temporaire. Par la suite, la Chine prévoit de réunir et d’exploiter quarante entreprises nationales pour pouvoir créer, à son tour, ses propres moteurs car à l’heure actuelle, la chaîne de construction dépend des entreprises occidentales.

 

L’entreprise chinoise a également surpris les professionnels du secteur de l’aéronautique en annonçant travailler sur le recyclage de l’huile de friture en énergie pour produire un bio-carburant qui fera voler les avions de demain pour un prix défiant toute concurrence.

Les drones civils et le Privacy by Design (Tribune Libre) – Air et Cosmos n° 2549 du 26 mai 2017

Retrouvez notre article sur les drones civils et le Privacy by Design (Tribune Libre) dans le magazine Air et Cosmos n° 2549 sorti le 26 mai 2017.

A lire ici : https://www.selene-avocats.fr/air-et-cosmos-drones-civils-et-privacy-by-design-tribune-libre-05-2017/

Retard en avion : recevez une indemnisation !

Jusqu’à 2009, les passagers dont le vol était retardé ne pouvaient prétendre à aucune indemnité. Les compagnies aériennes n’engageaient donc aucun frais en faisant patienter des voyageurs en salle d’embarquement pendant des heures…

Dans un arrêt du 19 novembre 2009, la Cour de justice de l’Union européenne a mis fin à cette inertie et jugé que les passagers concernés par un retard subissent un préjudice analogue à ceux dont le vol a été annulé.

La jurisprudence n’a cessé d’évoluer dans un sens favorable aux passagers, à ceci près que bien souvent, les compagnies aériennes tentent d’arguer de circonstances exceptionnelles (exonératoires de responsabilité pour elles).

Pour la CJUE, le principe demeure que la collision d’un avion avec un oiseau est une circonstance exceptionnelle.

La Cour de justice de l’Union européenne a eu l’occasion de préciser la définition des « circonstances exceptionnelles » dans une affaires très originale (Arrêt C 315/15 du 4 mai 2017).

Le 10 août 2013, deux passagers ont poursuivi une compagnie aérienne afin d’obtenir des indemnités pour le retard de leur vol. Ils avaient en effet été obligés de patienter plus de cinq heures, délai qui ouvre le droit, selon un règlement européen de 2004, à des indemnités aux passagers qui en sont les victimes.

Pour refuser le paiement de ces droits, la compagnie aérienne a alors indiqué que la raison principale de ce retard était la collision de l’un de ses avions avec un oiseau et a considéré qu’elle était constitutive d’une circonstance exceptionnelle, fermant le droit à indemnisation.

La Cour a ainsi rappelé que si « les circonstances exceptionnelles correspondent à des événements qui par leur nature ou leur origine ne sont pas inhérents à l’exercice normal de l’activité du transporteur aérien et échappent à la maîtrise effective de celui-ci », elles ne sont pas caractérisées si l’avion est en état de voler.

Ici, après qu’un premier expert ait constaté, après la collision, que l’avion était en état de voler, le retard était dû, en réalité à la volonté du transporteur d’effectuer un second contrôle.

Pour la Cour, si le retard était justifiable du fait de la collision, véritable circonstance exceptionnelle, le second contrôle ne constituait pas une raison valable. Le transporteur aérien a donc été condamné au paiement des indemnités aux passagers ayant fait valoir leurs droits.